Maître Mame Abdou MBODJ avait prêté son serment d’avocat le 22 mai 1992, devant la Cour d’appel de Dakar. Nous le savions malade depuis quelque temps, mais il menait son combat avec dignité, courage et détermination. Il se sentait beaucoup mieux et avait même quitté l’hôpital, ensuite retrouvé le palais de Justice.
La nouvelle est donc tombée hier matin de façon surprenante et implacable.
Il venait d’être arraché à notre affection, ainsi qu’à l’amour de sa famille, aujourd’hui éplorée, et à qui nous présentons nos condoléances les plus attristées, non sans lui témoigner notre profonde sympathie, en ces circonstances douloureuses et difficiles.
Aussi, nous-plions nous à la volonté de notre Seigneur qui a décidé de l’appeler à ses côtés.
Aujourd’hui, à la suite de ses illustres devanciers – qui nous ont été ravis et devant la mémoire desquels nous nous inclinons pieusement – le barreau du Sénégal est à nouveau orphelin d’un avocat sans cesse guidé par son idéal de justice, suscitant amitié et admiration chez tous ceux qui l’avaient connu ou approché.
L’homme était profondément sincère et humain. Sa part d’humanité était si grande qu’on le décrivait comme amoureux de la vérité et de son prochain.
Il croyait si grandement à la force de la franchise qu’il la pratiquait aisément dans ses rapports professionnels, avec tous ses interlocuteurs, et n’avançait jamais masqué avec ses confrères.
Cela ne l’a pourtant jamais empêché de s’adresser à tous avec élégance, profondeur et dans la beauté de son verbe, parfois avec un brin d’impertinence chaleureuse et amicale, mais toujours avec respect, gentillesse et humour, traduisant ainsi sa grande culture.
C’était aussi, indéniablement, un avocat compétent, et les confrères qui le connaissaient bien ne me démentiront pas.
Il était respectueux de nos règles, grand serviteur de la défense et de l’éthique, amoureux de notre déontologie qu’il observait à toute épreuve, sans fard, ni masque.
Sa famille, ses amis – et ils sont nombreux au barreau, dans le milieu de la justice et au-delà – tout comme notre Ordre, s’évertueront sûrement à perpétuer son souvenir, celui d’un homme charmant, toujours égal à lui-même, d’une éloquence brillante, dont il nous faisait montre déjà lors de son discours de premier secrétaire de la Conférence à l’audience solennelle mémorable du 31 mai 1995.
Depuis, il a toujours gardé intacte cette éloquence, par la séduction de ses propos, en devisant avec ses confrères, comme en plaidant devant les juridictions.
Il va dorénavant manquer à sa famille, dont ses propres frères avocats et magistrat, il va nous manquer aussi, mais tous, ensemble, nous le gardons dans notre cœur et dans nos esprits, tant son souvenir continuera à nous habiter.
Avec vous tous ici présents, j’implore le Bon Dieu de l’accueillir dans son Paradis Eternel et de lui réserver le meilleur des repos, tant il a servi et donné à son prochain ainsi qu’à la justice au cours de sa vie, quoi que brève et écourtée par la volonté de son Seigneur !
Que Dieu ait son âme, et que la terre de Saint-Louis, sa ville natale où il sera inhumé et qu’il aimait tant, lui soit légère ! Amen.
Dakar, le 24 décembre 2014
Maître Ameth BA, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Sénégal