Barreau de Paris : Marie-Aimée Peyron, « Des professionnels du paraître »
Rédigé par Anne Vidalie, publié le 07/04/2018. Source : lexpress.fr
Élue 220e bâtonnier parisien, l’avocate Marie-Aimée Peyron sera la voix du barreau de la capitale. Et la 3e femme à occuper cette fonction.
Votre style, c’est bâtonnier ou bâtonnière ?
La bâtonnière est l’épouse du bâtonnier, comme l’ambassadrice est celle de l’ambassadeur. Donc je suis « Madame le bâtonnier ». En 1995, quand j’ai été élue présidente de l’Union des jeunes avocats de Paris, c’était encore un événement. Aujourd’hui, porter une femme à la tête de cet organisme n’en est plus un. Je souhaite qu’il en aille de même pour le bâtonnat.
Et le style de votre mandat ?
Deux mots me viennent à l’esprit : réconciliation, car je souhaite rapprocher les avocats parisiens de leur ordre et du barreau; générosité, parce que nous exerçons une profession aussi passionnante que difficile, qui exige un investissement total. Pour nos clients, pour les causes que nous défendons.
« Le style est primordial : c’est lui qui convainc le magistrat »
Le style fait-il l’avocat ?
Bien sûr ! Nous sommes des professionnels du paraître. Il est juste de dire que, face à des juges, comme dans n’importe quelle situation d’ailleurs, les trois premières secondes, les trois premiers mots sont déterminants. Le style est primordial : c’est lui qui convainc le magistrat, c’est lui qui suscite l’envie de vous donner raison. Le ton de la voix et la force des mots constituent une arme redoutable.
Selon Jules Renard, « un mauvais style, c’est une pensée imparfaite ». Pour Jules Michelet, « le style n’est que le mouvement de l’âme ». Quelle citation choisissez-vous ?
Le style est le mouvement de l’âme, sans conteste ! L’avocat parle au nom de son client, parfois tremblant à son côté. Vous-même, vous vacillez face à l’enjeu, car vous vous exprimez au nom de l’homme ou de la femme que vous représentez. Ce sont toujours des vies qui sont en jeu. Même en droit pénal des affaires, ma spécialité.
Au travail, êtes-vous gant de velours ou « woman of steel » ?
Plutôt « main de fer dans un gant de velours ». Il faut rigueur et autorité pour être une femme à la tête du département contentieux et arbitrage d’un cabinet d’affaires international – c’est mon métier. Ce qui n’exclut pas la délicatesse et l’attention. Je m’efforce de respecter l’autre tout en me faisant respecter. L’équitation, ma passion, m’a enseigné tout cela.
« Je ne supporte pas l’égoïsme »
Donc vous êtes plutôt organisée que freestyle ?
Je n’ai pas le choix si je veux réussir à concilier mes cinq vies : mes quatre neveux et nièces âgés de 17 à 25 ans, que j’adore; le bâtonnat; mon travail d’associée dans un cabinet d’affaires; le Conseil national des barreaux, dont je suis vice-présidente, qui représente l’ensemble des avocats français; et les écuries familiales, dans les Yvelines. Sans oublier Hermès, mon chien berger, membre de ma tribu à part entière. Je n’imagine pas mon existence sans tous ces engagements.
Quelle attitude déclenche votre hostilité ?
Je ne supporte pas l’égoïsme, ni le manque d’attention aux autres. Et je déteste l’injustice. C’est justement ce qui m’a poussé à devenir avocate.
Sous la robe d’avocat, vous êtes plutôt stilettos ou ballerines ?
Ni l’un ni l’autre ! J’aime le « casual chic » des escarpins qui combinent style et confort.