Prestation de serment de la présidente de l’OFNAC : Allocution de monsieur le bâtonnier

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Je vous remercie Monsieur le Premier Président de me donner la parole pour, au nom du Barreau du Sénégal, intervenir dans cette audience solennelle de prestation de serment de Madame la Présidente de l’OFNAC.

Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE est nommée dans un contexte ou l’institution qu’elle dirige est au-devant de l’actualité.

L’OFNAC a même, mis au-devant de l’actualité et à leur corps défendant, d’autres institutions comme la Cour Suprême du Sénégal.

Lorsqu’on parle d’obligations légales qui incomberaient à des magistrats ou à n’importe quel citoyen, notre réflexe naturel est de recourir aux textes, qui constituent notre unique référence.

Eh bien, nous devons préciser à haute et intelligible voix que les textes que nous avons examinés ne soumettent pas à l’obligation de déclaration de patrimoine le Premier Président de la Cour Suprême.

S’il y a d’autres textes qui infirment cette thèse qui semble unanimement partagée dans la famille judiciaire, nous serions disposés à en prendre connaissance.

Vous connaissant, Madame la présidente, il n’est pas nécessaire de vous rappeler que l’Etat de droit c’est beaucoup plus le respect de la dignité du citoyen que la soumission de l’Etat à ses propres lois.

C’est pourquoi, je ne doute point que vous saurez à chacune des étapes de votre mission, respecter et faire respecter à vos collaborateurs les droits de la défense.

Monsieur le Premier Président

Vous recevez le serment d’une dame que nous connaissons très bien.

Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE est une grande Dame, pas au sens j’allais dire sénégalais du terme, faite de bling bling, de paillettes de mondanités et de distribution effrénée de billets de banques.

La grandeur de cette dame réside dans son immense discrétion, dans son calme et sa sérénité, dans sa piété que l’on prend difficilement à défaut, dans son humanisme, dans sa compétence reconnue par ses pairs et les avocats que nous sommes.

Elle est de l’avis de tous, une grande magistrate qui a blanchi sous le harnais.

Nous l’avons trouvé au parquet du Tribunal Régional hors classe de Dakar, croisant le fer avec d’éminents confrères, sous la formation et les ordres d’un des plus éminents parquetiers du Sénégal, le doyen  Abdoulaye GAYE.

Ce n’est pas pour rien que Madame Seynabou Ndiaye DIAKHATE a été nommée pour diriger le deuxième parquet du pays après le Tribunal régional hors classe de Dakar, c’est-à-dire le parquet du Tribunal Régional de Thiès.

Ce n’est également pas un hasard si quelques années plus tard, elle fut nommée doyen des juges d’instruction du Tribunal Régional hors classe de Dakar, gérant des dossiers d’une extrême sensibilité, en particulier des dossiers à connotation politique sans qu’on ne l’ait jamais entendu s’exprimer en publique ou provoquer des articles de presse, comme savent si bien le faire certains, y compris dans la famille judiciaire.

Au contraire, Madame Seynabou Ndiaye DIAKHATE a exigé une réforme au niveau de son cabinet le jour où elle a retrouvé un de ses procès-verbaux, exposé dans un journal de la place.

J’ai trouvé Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATEà Ouagadougou où on a pendant plusieurs années discuté du nouveau statut des avocats.

Je connais donc le grand respect dont elle jouissait au sein de la Cour de justice de l’UEMOA.

Au-delà de ses qualités personnelles, c’est certainement son statut de Magistrate sénégalaise qui en est l’explication, car son collègue Ibrahima SAMB qui travaille au sein de la même juridiction jouit aussi d’une grande considération.

Monsieur le Premier Président

Le choix porté sur Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE traduit bien la règle selon laquelle, il faut mettre la personne qu’il faut, à la place qu’il faut.

Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE, de par son statut de magistrat et de par son parcours au parquet et à l’instruction, est la personne idéale pour remplir, à la satisfaction du peuple sénégalais, la fonction de présidente de l’OFNAC.

La tâche ne sera toutefois pas aisée.

Il faut qu’elle en soit consciente d’ores et déjà. Elle est appelée à se battre contre un phénomène difficile à combattre, parce qu’étant le plus invisible des faits criminels ou délictuels.

La corruption, c’est la totale dissimulation. En effet entre le corrupteur et le corrompu, il n’y a ni une troisième personne ni d’actes qui laissent des traces, d’où la difficulté d’appréhender les faits de corruption.

Au total, Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE, vous et votre équipe auraient affaire à des individus d’une extraordinaire lâcheté, qui ne ménageront aucun effort pour vous empêcher de faire votre travail.

Sur ce point, je suis d’accord avec votre prédécesseur lorsqu’elle dit que ceux qui combattent la corruption sont à leur tour combattus, par les corrupteurs et les corrompus.

En vérité, le corrupteur et le corrompu ne veulent même pas qu’il soit entretenu un débat sur la corruption. Un tel débat les gène particulièrement.

L’autre difficulté Madame la Présidente résidera dans le fait que vous aurez affaire à des personnes très puissantes.

Les acteurs de la corruption occupent très souvent des places privilégiées, sur le plan social, économique et politique.

Mais malgré ces difficultés, j’ai la conviction que vous réussirez votre mission, car vous connaissant, je ne pense pas que ce sera à ce poste, que vous faillirez pour la première fois.

Il ne me reste plus qu’à prier pour vous.

Que le Tout Puissant en qui nous croyons profondément soit votre boussole, votre guide. Qu’il vous épargne de tout obstacle quel qu’en soit la nature et qu’il vous permette à la fin de votre mission de pouvoir regarder dans le blanc des yeux vos collègues, vos parents, vos amis, brefs tous vos concitoyens, avec la satisfaction du devoir accompli.

Monsieur le Premier Président, je vous prie, après les réquisitoires de Monsieur le Procureur Général, de recevoir le serment de Madame Seynabou NDIAYE DIAKHATE, de lui en donner acte et de la renvoyer à l’exercice de sa fonction de présidente de l’OFNAC.

Dakar, le 11 août 2016

Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal

Me Mbaye GUEYE