Autoroute Aibd-Thiès (3/4) : Les travaux de terrassement en bonne voie

Lu pour vous

1a04817463671cdb2f8b02cf1b6d5857_LUne véritable course contre la montre est engagée par l’Ageroute pour terminer une partie des travaux de terrassement du tronçon Aibd-Thiès avant le début de l’hivernage. Les emprises ont été libérées depuis plusieurs mois et les travaux de terrassement sont en cours. Selon Bocar Malick Mbow, le rythme d’avancement donne l’assurance que ces travaux seront achevés dans les délais impartis.

La branche Aibd-Thiès qui constitue le lot 3 du projet s’étend sur un linéaire de 16 km. Il traverse la forêt classée de Thiès et rejoint le contournement sud de cette ville à hauteur de la route Thiès-Sindia. Cette branche comprend également l’aménagement de 7 km de voirie de connexion à la Zone économique spéciale intégrée de Dakar (Disez) et à l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Les travaux sont déjà en cours. Sur le chantier, les ouvriers sont lancés dans une véritable course contre la montre. Le mouvement des engins lourds est perceptible. Sous la supervision de techniciens chinois et sénégalais, des camions articulés, pelles, chargeuses, compacteurs s’activent. D’importants travaux de terrassement sont visibles sur l’échangeur phare qui est celui de Thiambokh qui permet d’assurer la desserte vers Thiès, mais aussi sur une bonne partie de la section courante. À ce niveau, précise Bocar Malick Mbow, directeur des Autoroutes et des partenariats publics-privés de l’Ageroute, le projet traverse une partie difficile constituée de sols compressibles. L’objectif, selon lui, c’est de terminer une partie des travaux de terrassement sur cet axe avant l’hivernage pour se prémunir contre les pluies qui pourraient ralentir l’exécution des travaux. Selon M. Mbow, le rythme d’avancement donne l’assurance que les travaux seront achevés dans les délais impartis.

La libération de l’emprise devant permettre le passage du tronçon Aibd-Thiès n’a pas posé trop de difficultés du fait qu’une bonne partie de cette section se trouve dans la forêt classée de Thiès. À ce niveau, précise le préfet Alioune Badara Sambe, des accords ont pu être trouvés à partir de mai 2015, avec les populations de Thiambokh et Soun Ouolof. Ce qui a permis de libérer les emprises à ce niveau. Cependant, note M. Sambe, les seules difficultés se situent à Thiambokh et ont trait à la modification du tracé initial induit par celle des cinq premiers kilomètres du tronçon Thiès-Touba (Illa Touba). « Le tracé Aibd-Thiès était conditionné par la validation du tracé Thiès-Touba surtout pour les premiers kilomètres. Malheureusement, il se trouve qu’une portion du giratoire avait été entamée. Maintenant, le Pk 0 de Thiès-Touba qui constitue le point de chute d’Aibd-Thiès a été déplacé vers le sud sur une distance de 5 km », souligne M. Sambe. Aujourd’hui, l’une des préoccupations des populations de Thiambokh concerne surtout l’indemnisation des nouveaux impacts dus à cette modification. Et cette question, selon le préfet, sera prise en charge de manière correcte.

Thiambokh : Une attractivité boostée par le passage de l’autoroute

THIOMBAKHPlongé depuis sa création dans le plus grand anonymat, le village de Thiambokh est aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Traversée par l’autoroute Aibd-Mbour et Aibd-Thiès, cette localité qui abrite également un très grand échangeur, connait une nouvelle envergure et gagne en attractivité.

Thiambokh revit. Grâce au passage de l’autoroute, ce village de plus de 1.000 âmes qui végétait dans un déprimant isolement sort petit à petit de son anonymat. Cette localité connait une nouvelle envergure et son attractivité se renforce davantage. Les changements sont perceptibles, avec de nouveaux bâtiments qui sortent de terre. Les populations impactées par les travaux ont reçu leur indemnisation et beaucoup d’investissements ont vu le jour, donnant ainsi plus d’animation à cette bourgade appelée à grandir.

À Thiambokh, on apprécie, à sa juste valeur, ce grand projet et y adhère. Pour Malick Ciss, représentant du chef de village, cette autoroute est venue à son heure. Mieux, précise-t-il, c’est une bénédiction pour Thiambokh, mais aussi pour tous les villages qui se trouvent sur le tracé du projet. « Le Thiambokh d’avant et celui d’aujourd’hui, il y a une différence grâce aux impacts positifs dans le village. C’est une réalité qu’on ne peut pas occulter », affirme le préfet de Thiès, Alioune Badara Sambe. « Un aéroport, c’est du sérieux, tout comme une autoroute. Thiambokh a la chance d’être à côté d’une autoroute. Demain, les populations de ce village pourront rallier Dakar beaucoup plus vite que ceux qui habitent Yeumbeul et dans la banlieue », témoigne le préfet.

Malgré ces avantages que procure l’arrivée de ces infrastructures, les villageois ont relevé certains griefs liés notamment à la faiblesse des indemnisations. De l’avis du préfet, cette situation est due au fait que cette zone est aussi impactée par le projet de la branche Diamniadio-Aibd réalisée par le groupe français Eiffage avec « des normes intégrant la législation sénégalaise et également de bonnes pratiques de la Banque mondiale et de certains bailleurs ». « Il s’agit donc de deux projets dont les modes de financement sont différents, et évidemment, il y aura les modes d’indemnisation complètement différents. C’est cela qui pose souvent des difficultés en matière de libération d’emprises parce que les populations acceptent difficilement les taux qui leur sont proposés, mais de manière générale, il faut reconnaître que ce sont deux taux légaux », explique le préfet de Thiès qui assure que pour le même projet et les mêmes formes d’indemnisation, la commission n’a pas connu de difficultés sur le tronçon Thiès-Touba. « Nous avons, dans le département de Thiès, 37 km qui ont été libérés, calculés et indemnisés sans qu’il y ait problème. Malheureusement, dans cette zone-là, vous avez deux villages, ou la même personne est impactée par les deux projets (Apix et Ageroute) avec des niveaux d’indemnisation différents, mais on l’accepte. C’est une question de texte ».

Les villageois ont également fait état de plusieurs cas d’omissions. Quelque 14 personnes impactées par le projet Aibd-Thiès n’ont pas été prises en compte. Mais le préfet du département de Thiès est clair. Les premiers recensements ont été faits en 2011 et en libération des emprises, précise-t-il, il y a un deadline pour être intégré. « Malheureusement, après le premier recensement, le projet a tardé dans la mise en œuvre ; ce qui fait que certaines populations ont été impactées par le projet entre le premier recensement et la fin. Mais ce qui est le plus important, s’il y a des omissions, c’est parce qu’à un moment précis, ces personnes concernées n’étaient pas présentes au moment du recensement ou c’est des questions de droit coutumier. Mais il n’y a pas d’omissions dans le sens d’une légèreté dans le travail qui est fait de concert avec les populations », explique Alioune Badara Sambe.

Echangeur de Thiambokh, un important nœud autoroutier

echangeurÉlément important du dispositif de l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès, le nœud autoroutier de Thiambokh constitue un point d’échanges central. Il permet d’assurer une jonction des autoroutes Aibd-Thiès et Aibd-Mbour. « Pour faire la jonction de ces deux autoroutes, nous avons besoin d’un nœud autoroutier ou d’un échangeur qui est différent d’un diffuseur. Par rapport à ce nœud autoroutier, il y a eu un besoin d’améliorer la fonctionnalité de cet échangeur. Nous avons fait appel à un travail d’ingénierie pour améliorer cette fonctionnalité en modifiant la conception initiale », a expliqué Bocar Malick Mbow. Pour le directeur des Autoroutes et des partenariats publics privés de l’Ageroute, il était prévu une voie par sens, mais avec la nouvelle configuration, il y aura deux voies par sens. « On n’est plus dans la conception d’un diffuseur, mais plutôt dans la conception d’un échangeur qui nécessite de l’espace avec des vitesses de référence beaucoup plus importantes qui sont aujourd’hui calées à 110 km/h, alors que dans un diffuseur, les vitesses sont réduites jusqu’à 50 km/h à l’entrée ». C’est ce travail d’ingénierie qui justifie, précise-t-il, le besoin de tout cet espace pour faire un échangeur correspondant à la dimension de l’autoroute et des normes standard.

Alioune Badara Sambe, préfet de Thiès : « Avec tous ces projets, Thiès va devenir la capitale de la route »

alioune_badara_sambThiès est connu pour être la capitale du Rail. Mais avec tous ces projets routiers, ce département va devenir la capitale de la route, selon le préfet de Thiès, Alioune Badara Sambe, qui soutient qu’un hub va s’ouvrir dans ce département.

Des pas géants ont été franchis avec la réalisation de l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès et des grands projets structurants comme l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), la Zone économique spéciale intégrée (Disez), le Train express rapide (Ter). C’est la conviction du préfet du département de Thiès, Alioune Badara Sambe. « En 1960, le Sénégal avait une avance sur les autres pays, car rares étaient ceux qui avaient un kilomètre de route, de train, mais nous avons dormi sur nos lauriers. Avec toutes ces infrastructures, nous allons rattraper le temps perdu », assure-t-il. Selon lui, les autorités étatiques ont compris qu’il fallait des infrastructures structurantes pour que le pays puisse se développer. « Pendant longtemps, on a dit que Dakar étouffe. Aujourd’hui, avec l’aéroport, c’est une réalité et après le tronçon Dakar-Aibd, nos autorités ont pensé à faire la bretelle Aibd-Thiès. L’impact est extraordinaire pour les populations de Thiès qui pourront aller travailler à Dakar sans grande difficulté et en temps record ». Avec ces différents projets, le préfet est d’avis qu’un véritable hub va s’ouvrir dans le département de Thiès. « C’est un projet attendu avec impatience et il aura un impact économique, social, etc. Tous les paramètres avec les indicateurs permettant d’apprécier l’avantage d’une infrastructure clignotent au vert », fait-il savoir. Pour le préfet, Thiès est la capitale du rail, mais Thiès sera probablement la capitale de la route avec ce projet, mais aussi avec « Ila Touba », la bretelle Thiénaba-Tivaouane dont les études ont été lancées, la bretelle Thiès-Thiénaba qui va passer en 2×2 voies, l’autoroute Thiès-Tivaouane-Saint-Louis, etc. M. Sambe qui estime que des pas de géants ont été franchis, mise beaucoup sur l’accompagnement des populations. « Il y a des projets pour lesquels on a besoin de consensus national. Ce sont des options à saluer et nous avons besoin d’un fort consensus national pour que les gens comprennent que ce sont des infrastructures au grand bénéfice des populations », fait-il remarquer. Tous ces projets vont, de l’avis du préfet, impacter positivement sur le développement du département de Thiès qui a un fort potentiel dans presque tous les domaines (pêche, agriculture, industrie). Car, relève-t-il, l’autoroute permettra l’amélioration des conditions de déplacement et un gain de temps, mais aussi un développement bénéfique des activités industrielles, agricoles, touristiques.

« Souvent, on parle de l’Aéroport de Diass, mais une bonne partie de cet aéroport se trouve dans le département de Thiès. Le giratoire, toute cette emprise est dans le département de Thiès. La majeure partie de toutes ces infrastructures est dans le département de Thiès, même la bretelle Aibd-Mbour, à partir du giratoire », note-t-il.

Mainmise des Chinois sur les chantiers

mainmise_chinoisLes populations de Thiambokh se réjouissent certes de l’arrivée de l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès qui traverse leur village, mais les jeunes se désolent de ne pas pouvoir travailler dans les chantiers. Les fils de Thiambokh qui voyaient en ces travaux une opportunité inespérée de décrocher un emploi ont vite déchanté. Et pourtant, ils espéraient lors du démarrage des travaux faire partie de la main-d’œuvre locale qui serait recrutée. Que nenni. « Tout le monde sait que la construction d’une autoroute génère beaucoup d’emplois. Mais les jeunes de Thiambokh ne bénéficient pas de ces emplois », indique Mamadou Ciss, le responsable des jeunes de cette localité. M. Ciss juge difficile d’avoir un si gros chantier dans sa localité et de ne pas voir ses fils y travailler. « Nous avons constitué des piles de demandes que nous avons déposées à la sous-préfecture et à l’Ageroute, mais on n’a toujours pas eu de réponse favorable. Et cela fait sept mois que l’on attend », souligne-t-il. Alors que les jeunes de Thiambokh ne se sont pas encre remis de leur déception, les Chinois commencent à envahir le chantier dont la réalisation est confiée à la compagnie China international water electric corporation (Cwe). Selon une source, certains Chinois conduisent même des camions sur le chantier alors qu’ils n’ont pas de permis de conduire. « On ne peut pas faire appel à une main-d’œuvre étrangère alors que la localité souffre de chômage chronique. Les Chinois ont beau être sérieux, efficaces et performants, ils ne doivent pas prendre la place de la main-d’œuvre locale », confie la source. Pour l’instant, cette présence chinoise ne dérange pas outre mesure, mais ce que les populations veulent, c’est travailler sur ce grand chantier. Et aujourd’hui, les jeunes de Thiambokh ne cèdent pas au découragement. Ils gardent espoir qu’il y aura un changement.

Forte spéculation foncière

forteLe passage de l’autoroute et la proximité de l’Aibd ont laissé place à une forte spéculation foncière. Dans ce village, 400 ha ont été retenus pour les besoins de l’échangeur carrefour de Thiambokh. Malcik Ciss, président du Collectif pour la défense des intérêts de Thiambokh et Soun Ouolof trouve que c’est excessif. « Initialement, le projet avait prévu 100 ha pour l’échangeur de Thiambokh.

Par la suite, les responsables du projet nous ont fait comprendre qu’il y a une modification qui va nécessiter une emprise de 400 ha. Le projet a déjà pris nos champs. Si l’on perd encore ces 400 ha, il ne nous restera plus rien et nous n’aurons rien à léguer aux générations à venir », se désole-t-il. Surtout que ces 400 ha, souligne M. Ciss, avaient déjà été morcelés et certaines parcelles avaient même été vendues. Avec cette nouvelle donne, les habitants de ce village souhaitent être dédommagés. Mais le préfet Alioune Badara Sambe estime que les populations procèdent à des lotissements irréguliers, parce qu’avec l’Aibd, le foncier a pris une certaine valeur.

« Les gens ont tendance à morceler leurs champs parce que dans leur imaginaire, ce sont des projets qui viendront pour les en déposséder ; ce qui est loin d’être le cas. C’est une donne qui sera intégrée pour les indemniser de manière juste et équitable pour que leurs préoccupations soient prises en charge », relève-t-il.

Samba Oumar FALL et Souleymane Diam SY (textes)
et Pape SEYDI (photos)
Source : http://lesoleil.sn